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samedi 20 novembre 2010

L'Orient Le Jour : Antonios Boutros Khoreich, un grand patriarche

Antonios Boutros Khoreich, un  grand patriarche
L’Orient Le Jour du 19/11/2010

Joseph W. ZOGHBI
Nous commémorons bientôt l'événement que représenta en son temps la démission, le 17 novembre 1985, de Mgr Khoreiche de son siège de patriarche (il est décédé neuf ans plus tard, le 19 août 1994). Nous avons tous toujours en mémoire cette époque très difficile par laquelle passait le Liban et au cours de laquelle la destinée d'un homme s'y est étroitement liée.
Mar Antonios Boutros Khoreiche fut un être admirable, bon et généreux, qui a beaucoup souffert en tant que témoin des difficultés dans lesquelles se débattaient sa communauté et son pays. Mais au fil des années, sa tâche fut au-dessus de ce qu'un homme pouvait supporter et l'âge fut son ennemi. Il a préféré, et il n'est pas facile de prendre une telle décision, laisser la place à un patriarche plus jeune et plus dynamique. Cette phase de l'histoire du Liban représente une époque charnière dans l'avenir de la communauté maronite et du Liban.

Ce patriarche reste dans notre mémoire comme un être d'une grande simplicité et d'une grande bonté, doté aussi d'une grande intelligence et d'une grande capacité de travail, et c'est pour toutes ces raisons qu'il a été élu. Docteur en philosophie de Rome à 16 ans, il fut directeur du séminaire de l'école de La Sagesse, membre de la commission des évêques de Vatican II, membre de la commission en charge du statut du clergé et du peuple chrétien durant la durée du Concile II, membre de la Curie romaine pour le procès des saints. Jusqu'à son patriarcat, il restera membre de la commission en charge de la révision du droit canon oriental et président de la commission juridique de l'Assemblée des patriarches et évêques catholiques au Liban (APECL), curateur patriarcal et assistant général, avec Mgr Nasrallah Sfeir, à la paroisse patriarcale du 11 avril 1974 jusqu'à son élection comme patriarche le 3 février 1975. De Aïn Ebel, la merveilleuse, qui a vu naître tant de héros, il a côtoyé toutes les communautés et a connu les problèmes frontaliers de près puisqu'il était aussi à un moment donné vicaire patriarcal de la Terre sainte.
Il avait compris, en présentant sa démission au Saint-Père à l'âge de 78 ans, que la communauté maronite ayant en son sein des prélats doués de grandes capacités, allait faire le bon choix. Ce qu'ils ont fait d'ailleurs tout naturellement en élisant son successeur. Il a fait le bon choix si l'on songe à sa fatigue et les fonctions harassantes qui ont eu raison de ses forces mais pas de sa sagesse.
Il n'a pas cru bon de lutter contre cette fatigue, de peur de prendre des décisions qui n'aideraient pas la communauté maronite, ni le Liban, mais qui, au contraire, les affaibliraient grandement et useraient leurs forces alors qu'ils menaient une lutte acharnée pour la survie. Il a cru que, peut être, ses décisions ne seraient pas forcément les meilleures, et il a eu l'honnêteté intellectuelle et morale, et le courage, de se retirer. Personne ne l'y obligeait, il était maître de lui, et c'est ce qui fait sa grandeur.
Nous nous inclinons devant sa mémoire et nous lui disons d'ici-bas : nous gardons encore de vous un extraordinaire souvenir pour le courage que vous avez eu et surtout pour votre admirable humilité et modestie, vous qui étiez le plus grand d'entre nous.
Que Dieu vous ait toujours dans Sa grande miséricorde et vous donne la place que vous méritez chez Lui. Chez nous ici-bas, vous l'avez dans nos cœurs et dans notre esprit.
Joseph W. ZOGHBI


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